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Alban Desgrées du Loû, une jeunesse engagée et inspirante, par les stagiaires de la PMM Rennes

Publié le 25 février 2024

Le samedi 16 décembre 2023, le colonel (er) Eric Desgrées du Loû a rencontré les stagiaires de la promotion 2023/2024 de la Préparation Militaire Marine de Rennes.

Cette PMM porte depuis 50 ans le nom de son frère, Alban Desgrées du Loû, jeune rennais engagé à l’âge de 17 ans dans les Forces françaises libres et mort à 21 ans au Tonkin (nord du Vietnam actuel).

 

“J’aurais aimé le connaître un peu plus”

 

Le colonel Eric Desgrées du Loû est venu à la rencontre des 57 jeunes stagiaires de la Préparation Militaire Marine de Rennes.

Celle-ci porte le nom de son frère: l’enseigne de vaisseau de seconde classe de réserve Alban Desgrées du Loû.

Dans le courant de l’après-midi du samedi 16 décembre 2023, l’ancien militaire a raconté l’histoire de ce frère qui a marqué, non pas seulement sa famille, mais toutes les personnes qui l'ont côtoyé.

L’occasion de partager aux stagiaires mais aussi aux instructeurs, la vie de ce jeune marin. Ce parrainage est choisi en novembre 1973 et marque aujourd’hui 50 ans d’appellation continue. “J’ai le souvenir de ce frère qui ne rentrerait pas de la guerre”, explique-t-il . Alban Desgrées du Loû est né le 19 novembre 1926, à Rennes.

Élevé dans le sens du service, le sens des autres et du scoutisme, Alban a une ferme volonté de servir la France.

Alors qu’il n’a que 17 ans, il s’engage et incorpore le Régiment de Marche du Tchad en tant que soldat de 2e classe.

Très rapidement, il se distingue pour ses faits d’armes qui lui valent d’être cité.

Muté dans la Marine nationale à sa demande, il rejoint le Régiment blindé des fusiliers marins en mars 1945.

Après sa démobilisation et voulant servir sa patrie, il incorpore en septembre 1946 la Marine nationale par le cours des officiers de réserve.

A l’issue de sa formation, il regagne le corps des fusiliers marins et se porte volontaire pour rejoindre l’Indochine, où la France mène des opérations militaires.

Il sera nommé aspirant en avril 1974 puis très rapidement enseigne de vaisseau de 2nde classe en septembre de la même année.

Affecté en tant que commandant d’une section d’Higgins Boat (chalands de débarquement), il se distingue également par sa combativité et ses nombreux faits d’armes.

Après avoir été blessé à plusieurs reprises, c’est lors d’une période de convalescence en juin 1948 qu’Alban Desgrées du Loû perdit la vie.

Alors qu’il naviguait dans la Baie d'Along, l’équipage dont il faisait partie, pêche un serpent d’eau. En s’approchant, il se fait mordre au pouce par la bête.

Ne sachant pas que celui-ci était venimeux, il succombera à la morsure trois heures plus tard. Pour ses faits d’armes, Alban Desgrées du Loû avait reçu trois citations à son nom.

Une première citation à l’ordre de la brigade, une deuxième à l’ordre de la mer et une dernière à l’ordre de l’armée pour l’ensemble de sa carrière militaire.

Alban Desgrées du Loû repose désormais au cimetière Nord, à Rennes.

 

Voilà le portrait du bonhomme”

 

L’histoire de son frère Alban, Eric Desgrées du Loû ne la connaissait pas bien avant de commencer un travail de mémoire débuté en 2020, pendant la période de la crise sanitaire du Covid-19.

Il réussit à avoir accès aux correspondances envoyées par son frère durant les campagnes de France et d’Indochine, collectant ainsi plus d’une centaine de lettres et de témoignages. Il décèle ainsi deux traits caractéristiques de son frère : le soldat et l’entraîneur d’hommes. “Pour entraîner, il faut marcher et aller de l’avant puis ensuite être suivi” ; c’est-à-dire se donner les moyens et être aussi une personne de confiance.

Ce qui a marqué son entourage, c'était sa manière d’entraîner vite, tout le monde, tout droit, dans une atmosphère de loyauté. “Est-ce une personnalité possible pour chacun d’entre nous ? Je pense que oui.

Combien ont 17 ans parmi vous ?” demande le colonel aux stagiaires de la PMM. Alban Desgrées du Loû est mort en 1948. Quel sens sa vie peut-elle avoir pour un jeune des années 2020 ?

A travers les récits et témoignages qu’il a collectés, Eric retient de son frère l’image du guide d’un groupe qui peut inspirer la jeunesse au XXIe siècle et “une aide pour aller dans le bon sens”.

Le colonel voit dans la pédagogie scoute une inspiration puissante suivie par son frère Alban durant sa courte vie. “Le goût de l’action, de l’apprentissage des responsabilités et de la nature.

Sa capacité d’amitié, de compassion et de gentillesse raisonnée est remarquée de tous, souligne Eric Desgrées du Loû. Il a puisé une énergie qu’il a toujours entretenue, cela sans réticence”.

Une façon de donner l’exemple, de pousser les jeunes à se surpasser et surtout à ne pas renoncer.

 

Un parrain qui renforce le goût de l’effort

 

L’intervention du colonel Eric Desgrées du Loû a permis aux stagiaires de la PMM de Rennes de mieux connaître celui dont ils portent le nom.

Une véritable fierté ! “Ces recherches historiques vous ont-elles rapproché de votre frère ?”, demande une des stagiaires.

Eric Desgrées du Loû était très jeune quand son frère est décédé. “Ce travail a permis de ne pas le faire tomber dans l’oubli et de découvrir l’homme qu’il était”, concède le colonel qui a d’ailleurs créé un fascicule destiné aux membres de sa famille, à tous ses enfants et petits-enfants. “Comment avez-vous appris le nom de la PMM ?”, se questionne l’ensemble du groupe. “Notre famille a reçu en novembre 1973, un document attestant de ce parrainage”.

A l’issue de cette rencontre et de ces échanges, le colonel en personne a remis aux stagiaires l’écusson de la PMM, clôturant ainsi une belle journée.

 

Clémence Simon

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