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12 juin 2023

Un concours d’éloquence pour tous

 

La section du 6e arrondissement de Paris a organisé sa troisième édition de son concours Parole d’honneur. Il vise à encourager tout lycéen candidat, quel que soit son établissement, à développer une compétence que d’aucuns considèrent aujourd’hui comme de plus en plus essentielle.
Une initiative labellisée L’Honneur en action.


« Mon expérience m’a démontré l’importance de savoir convaincre pour avoir de l'impact » confie Brigitte Bourgoin, présidente de la section, à l'origine de l’organisation du concours. Brigitte Bourgoin a eu une carrière en entreprise chez Orange en créant et dirigeant la filiale qui a assuré le développement international du groupe dans les mobiles. Au cours de cette carrière professionnelle, elle a constaté l’importance déterminante de maîtriser l'expression orale pour « construire sa pensée et surtout la restituer de manière convaincante ». Pour l’organisation du concours, la section a pu s’appuyer sur des intervenants très motivés, les proviseurs et enseignants de huit lycées, et les membres du jury, constitué de 12 sociétaires qui se sont rendus disponibles avec méthode et bienveillance. La section, pour laquelle «il n'était pas question de faire un projet élitiste mais de réunir tous les lycées de l'arrondissement », a tenu à ce que tous les profils scolaires soient intégrés à ce projet pour offrir à tous l’opportunité d’exprimer leur talent oratoire. Aussi, la quasi-totalité des établissements d’enseignement général, technologique et professionnel de l'arrondissement ont pris part à l’aventure.

De fait, l’éloquence est un savoir-faire qui s’est transformé en véritable compétence. Le déploiement des canaux de communication, auxquels les plus jeunes sont quotidiennement confrontés, pousse à reconsidérer la communication comme un outil, qui, pour être bien utilisé, demande méthode et travail. Une compétence qui fait peu à peu son entrée dans l’environnement scolaire.

 

Un marqueur social

Nicolas Bray, proviseur du lycée Fénelon dans le 6e arrondissement de Paris, et qui a accueillis le concours dans son établissement, confirme que l’enseignement de l’expression orale est apparu progressivement au sein des programmes scolaires. « Nous ne formons pas à l’éloquence stricto sensu mais à la pratique de l’oral. Cela fait partie des choses récentes qui ont émergé » précise le proviseur. Depuis la réforme du baccalauréat, les élèves doivent passer le grand oral. Preuve s’il en fallait que l’oral est de plus en plus considéré. « L’éloquence reste pour moi un marqueur social très important, malgré les quelques efforts introduits dans les programmes scolaires », précise Nicolas Bray. C’est bien ce défi social et sociétal qui a poussé l’équipe du lycée Fénelon à prendre part au concours, pour accompagner chaque élève.

« Il n'était pas question de faire un projet élitiste mais de réunir tous les lycées de l'arrondissement. »

Arthur Prawidlo est élève de première en enseignement professionnel métiers du commerce et de la vente au lycée Carcado-Saisseval dans le 6e arrondissement de Paris. Il a reçu un des deux premiers prix Parole d’honneur en 2022. Sa participation était pour lui une évidence, étant déjà membre du groupe d’éloquence de son lycée, encouragé par la documentaliste. « Je considère l’éloquence comme un art et le challenge de concourir face à d’autres lycéens m’a encore plus motivé ». Ce concours fut ainsi un aboutissement voire un commencement, puisqu’il l’a confirmé dans son envie de continuer dans cette voie, en filigrane d’un futur parcours professionnel.

Dans le respect d’autrui

Maître Jean-Yves Le Borgne, professionnel de l’art oratoire est d’autant plus investi dans l’initiative de la section qu’il fut jadis lauréat puis, quelques décennies plus tard, président du jury du Concours de la Conférence, compétition propre au barreau de Paris, souligne ainsi en conclusion l’importance de l’éloquence : « depuis toujours le discours explique, détaille, mais aussi entraîne, exhorte et convainc d’adopter une thèse, un comportement, des valeurs, un type de société. La parole est aussi ce qui unit et rapproche les hommes en leur permettant de confronter leurs intérêts ou leurs préférences. Elle est vectrice de paix tant qu’elle véhicule un sens, car lorsqu’on en arrive à l’injure, à la vocifération, au cri, on se rapproche de la violence, on est dans les prémices de l’affrontement physique. Le concours Parole d’honneur est une façon d’appeler les jeunes à cultiver une forme de persuasion, de combat, d’effort qui tient compte d’autrui et promeut une société où dominent le respect et l’amour de la paix. La dialectique des mots et celle des idées remplacent avantageusement la guerre ».

 

Question à Jean-Pierre Lecoq, maire du 6e arrondissement de Paris
«L’éloquence est un savoir-faire qui devrait être enseigné à tous les élèves»

En qualité d’élu, vous avez décidé de soutenir ce concours d’éloquence. Pourquoi ?
Ce qui est important dans ce concours porté par la SMLH, c’est qu’il s’adresse à tous les établissements, c’est-à-dire à toute notre jeunesse, dans sa diversité.

Pensez-vous qu’il faudrait mieux accompagner les élèves dans l’apprentissage de l’éloquence ?
L’éloquence est un savoir-faire qui devrait être enseigné à tous les élèves, sans distinction, car elle est essentielle. C’est en effet aujourd’hui encore plus important d’être formé à l’éloquence.
Quand on veut convaincre, séduire, être écouté, arriver à démontrer son propos, il faut avoir le mot juste. L’important est donc d’orienter les jeunes vers l’utilisation du mot juste, de préférence à une tendance actuelle, qui est plutôt de galvauder le langage. Développer l’éloquence est l’une des voies à emprunter pour y parvenir.

Quelle place occupe l’éloquence dans votre parcours personnel ?

Plus jeune, quand je passais des concours, j’étais assez émotif. J’avais tendance à perdre mes moyens à l’oral à cause d’un grand stress avant de me lancer. Avec le temps et la pratique, j’ai appris à prendre confiance en moi. Travailler mon éloquence m’aurait beaucoup aidé.

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