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Mise à l'honneur de M. Grenard Eugène, vétéran de Dîen Bîen Phû
En cette année mémorielle, qui marque aussi le 70° anniversaire de la bataille de Dîen Bîen Phû, une cérémonie a été organisée par la SMLH Ille et Vilaine à l’Ehpad de Bruz, ce 7 juin 2024, en l’honneur de M. Grenard, vétéran du camp retranché.
Autour du drapeau du comité de Rennes et de son porte drapeau, cette cérémonie était présidée par le général Blanquefort président de la SMLH Ille et Vilaine, accompagné par son secrétaire, et de plusieurs bruzois et bruzoises membres de la SMLH.Ille et Vilaine.
Outre la famille proche de M. Grenard ainsi les pensionnaires, soignants et animateurs de l'Ehpad de Bruz, étaient présents monsieur Salmon, maire de Bruz, son adjoint « sécurité", et son délégué aux personnes âgées.
Texte du Gal Blanquefort, président de la SMLH Ille et Vilaine.
« Avant d’en venir au fait qui nous réunit ici ce soir, il m’apparaît important d’apporter quelques éléments d’explication sur notre présence à nous membres de la SMLH et celle de notre drapeau.
A sa création en 1921 au lendemain de la Grande Guerre dans le but d’aider les familles des membres de la LH tués ou blessés à surmonter ces épreuves, la SMLH a donc d’abord cette vocation d’entraide qu’on trouve d’ailleurs dans son nom jusqu’à une époque récente. Depuis une bonne dizaine d’années, la SMLH a fait évoluer ses actions pour agir au sein de la nation au profit notamment des jeunes : cela se traduit par le parrainage de jeunes méritants, le soutien à l’apprentissage ou des témoignages dans les établissements scolaires
sur les valeurs qui fondent notre pays. La SMLH agit également en soutien des étrangers demandeurs de la nationalité française pour leur faire connaître notre pays dans toutes ses dimensions.
Naturellement, si la SMLH a élargi son périmètre d’actions, elle n’a pas abandonné sa raison d’être initiale et elle reste en contact, notamment par ses délégués en charge de zones géographiques données, de ses membres et notamment de ses plus anciens ou de ceux qui traversent des épreuves.
C’est dans ce cadre que nous avons été amenés à rechercher les moyens d’aider Monsieur Eugène Grenard à retrouver les documents portant la trace de sa carrière militaire. C’est pour moi l’occasion de remercier Pascal Thévenon pour son action ici et pour les démarches qu’il a entreprises pour réussir à donner satisfaction à Monsieur Grenard.
En cette année de célébration du 70° anniversaire du sacrifice de nos anciens au cours de la Bataille de Dien Bien Phu, je crois utile, pour éclairer cette belle assemblée que vous avez su réunir, de replacer votre engagement et ses conséquences dans son contexte. Je le ferai avec l’attention d’un fils dont le père a effectué deux séjours en Indochine et humilité tant la présence de trois acteurs de cette période héroïque m’oblige.
Le 26 mars 1952, vous vous êtes engagé au titre de la 1° Demi brigade coloniale des commandos parachutistes pour servir en Indochine. Cette unité est née récemment dans le but de réorganiser les unités parachutistes suite aux combats de la Libération comme les SAS qui ont été célébrés mardi par le Chef de l’Etat à Pleumeleuc. Cette grande unité a vu le nombre de ses composantes grandir avec les besoins de renforts pour l’Indochine. C’est ainsi que le 6° Bataillon de Parachutistes Coloniaux au sein duquel vous allez servir est formé début 1952. Il embarque le 5 juillet 1952 sous les ordres du Chef de Bataillon Bigeard. Débarqué le 28 juillet à Haiphong, le 6° BPC fait mouvement par voie ferrée sur Hanoï où il s’installera. Du 12 aout au 7 octobre, le bataillon sera engagé dans des opérations de sécurisation avant d’être parachuté le 16 octobre à proximité du poste de TU-LU en pays Thai. S’en suit , de fin 52 à début 54, une longue période de combats, de parachutages et de déplacements en avion vers Nasan, Louang Prabang, Lang-Son, Seno avec des retours réguliers sur Hanoï. Le 6° BPC s’illustre à de nombreuses occasions au prix de nombreuses pertes humaines. Il sera cité à l’ordre de l’Armée.
Le 20 novembre 1953, le bataillon saute sur Dien-Bien-Phu et engage de violents combats. Il s’installe ensuite défensivement et effectue jusqu’au 11 décembre des reconnaissances et embuscades. Il retourne ensuite à Hanoi avant d’être engagé en début d’année au nord de Seno.
Le 16 mars 1954, le Bataillon est parachuté sur Dien-Bien-Phu et s’installe sur ELIANE 4 en réserve. Après une phase de reconnaissance et d’embuscades, le 6° PBC mène une action offensive le 28 mars contre des positions viets. Il récupère de nombreuses armes lourdes et individuelles et inflige de très lourdes pertes à l’ennemi. Mais il perd également 38 des siens dont deux officiers.
Du 30 mars au 3 avril, les Viets attaquent les points d’appui (Dominique et Eliane) et les compagnies du bataillon doivent intervenir en soutien des unités mises en difficulté ou les relever. Cela se fait au prix de nombreuses pertes et d’une réorganisation du Bataillon.
Le 10 avril, Eliane 1, occupé depuis le 31 mars par les Viets, est repris par le bataillon, le lieutenant de Fromont est tué.
Le 15 avril, le bataillon, commandé maintenant par le chef de bataillon Thomas s’installe sur Eliane 10. Le lieutenant-colonel Bigeard assure maintenant le commandement des troupes d’intervention.
Dans la nuit du 6 au 7 mai, les restes du bataillon (environt 150 hommes) défendent Eliane 10 contre de violents assauts. Le point d’appui est pris par les Viets à 09H00 le 7 mai et à 17H00 les combats cessent. Le personnel est fait prisonnier et sera libéré en septembre 1954.
Le 8 mai 1954, le 6° BPC est dissous et ses personnels restés en base arrière à Hanoi versés dans d’autres unités.
C’était il y a soixante-dix-ans à un mois près, vous avez participé Monsieur Grenard à cette page de notre histoire et de quelle manière puisque les autorités vous ont cité à plusieurs reprises :
- A l’ordre de la division le 17/11/1952, c’est ce que rappelle cette photo que vous aimez et qui vous montre aux côtés du général de Linares,
- A l’ordre de la brigade le 14/02/1954,
- A l’ordre du régiment le 10/03/1954
- A l’ordre de l’Armée enfin le 3/02/1955.
Il faut aussi rappeler que vous avez été blessé (par éclats d’obus) le 31 mars 1954. Peut-être avez-vous été soigné par Geneviève de Galard, l’Ange de Dien-Bien-Phu, qui vient de décéder.
Monsieur Grenard, en m’inclinant devant ces états de service, je rappelle que vous êtes titulaire de la Croix de Guerre des TOE avec étoile d’argent et que vous avez été promu officier dans l’ordre national de la Légion d’Honneur le 23 avril 2002.
Demain, devant le monument aux morts devant la Préfecture, à l’occasion de la cérémonie d’hommage aux morts en Indochine, soyez-sûr que j’aurai une pensée pour le 6° BPC et tous vos camarades qui sont morts là-bas pour la France.
J’en terminerai en vous remettant ce petit dossier qui contient les fac-similés de principaux états de vos service ainsi que les textes de vos citations.
Merci Monsieur Grenard ».